Docteur Dharm Singh
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1. Plusieurs organisations doivent faire face aux défis de s’entretenir avec de nouveaux ou futurs membres. Comment envisagez-vous les engagements entre les résidents et les nouveaux médecins et l’AMC ? En tant que président(e) de l’AMC, quelles mesures prendriez-vous pour accomplir cela ?
Les résidents représentent l’avenir de l’Association médicale canadienne (AMC). Augmenter l’engagement et la collaboration avec Médecins résidents du Canada (MRC) serait ma priorité essentielle. Nous devons comprendre les enjeux auxquels font face les résidents pendant la période de formation. Pour améliorer les engagements avec les résidents, l’AMC doit devenir un partenaire dans la solution des problèmes des résidents. Je travaillerai fort afin que le permis national devienne une réalité au Canada. Le permis national et l’augmentation des postes pour les résidents sont mes priorités. Cela exigera une coopération accrue avec les autres intervenants. Aider les résidents lors de la transition de la formation à l’exercice rendra les résidents plus engagés avec l’AMC. Je créerai un comité de liaison comprenant des membres de MRC et de l’AMC pour accroître la collaboration entre les deux organisations. L’expansion du programme des ambassadeurs de MRC est essentielle. La présence de l’AMC lors des réunions annuelles de MRC nous permettra d’entendre ce que les résidents ont à dire et d’en apprendre au sujet des enjeux importants. L’amélioration des communications et des mises à jour périodiques au sujet des activités de l’AMC par l’entremise de diverses plateformes de médias sociaux sont requises.
La communication et les engagements devraient toujours inclure des commentaires directement de la part des résidents. Cela aide non seulement à la compréhension des enjeux, mais aide également lors de la réalisation de plans d’action pour trouver des solutions. Les activités de revendication de l’AMC devraient aider à améliorer les conditions de travail quotidiennes des résidents. Les déterminants sociaux de santé, de santé mentale et de changements climatiques affectant la santé sont certains sujets que tiennent à cœur nos futurs médecins. Les groupes de travail et les comités de l’AMC devraient inclure des résidents dans ses enjeux.
2. Selon vous, quels sont les plus importants défis auxquels feront face les résidents au cours des dix prochaines années ? Quelles solutions proposez-vous à ces défis ?
Les pressions systématiques croissantes, incluant les pressions bureaucratiques, politiques et de gestion des hôpitaux amènent et amèneront les cliniciens à passer une période de temps considérable à des tâches non cliniques. De plus, des attentes accrues de la part de médecins qui rencontrent des patients avec des questions médicales multiples et complexes constitueront un défi dans le futur. Ceci a des répercussions sur le bien-être physique, mental, émotionnel et financier des résidents et des médecins à travers le pays. Les taux d’épuisement et de problèmes de santé mentale (incluant l’anxiété, le stress, la dépression et l’insatisfaction professionnelle) augmentent. Les besoins médicaux complexes, les attentes croissantes et les facteurs systématiques qui causent l’épuisement chez les médecins rendront la profession médicale moins attrayante pour les jeunes générations. J’organiserai des sommets à l’échelle de la province avec plusieurs intervenants (y compris des autorités gouvernementales et de la santé, des dirigeants d’hôpitaux, des organismes de réglementation, des universités et des associations médicales) pour trouver des solutions. Ma priorité sera d’augmenter l’autonomie des médecins.
En l’absence de toute planification et donnée des ressources humaines en médecine, je m’attends à ce qu’il y ait plus de décalage entre l’offre et la demande à travers le pays. Il est possible que les résidents n’arrivent pas à trouver des emplois adéquats selon leur formation et leurs compétences. Je préconiserai pour la collecte de données et l’augmentation du nombre de postes de résidence auprès des universités et des gouvernements selon la demande.
Des progrès technologiques (l’intelligence artificielle, la robotique, les applications mobiles, la médecine virtuelle, etc.) deviendront de plus en plus populaires dans le futur. L’AMC doit plaider en faveur d’une formation adéquate pendant les études en médecine et la résidence pour que nos futurs médecins soient prêts à incorporer la technologie dans la pratique clinique.
3. Un manque croissant d’alignement entre le personnel médical canadien et les besoins en santé de la population générale a été bien documenté. Quel est selon vous le rôle de l’AMC dans la préconisation d’un meilleur alignement ?
En ce moment, il y a un décalage entre l’offre et la demande des médecins. Cela se produit parce qu’il n’y a pas de collecte et d’analyse des données des ressources humaines en médecine. Nous ne savons pas combien de médecins de famille et de spécialistes seront nécessaires dans les cinq ou dix prochaines années. Cela cause des problèmes de recrutement/de maintien et des problèmes d’attribution de postes de résidence dans les universités et les établissements d’enseignement. L’AMC devrait jouer un rôle de leader dans la planification des ressources humaines en médecine au niveau national et partager ces données avec les différents intervenants dans le domaine de la santé, comme les gouvernements, les autorités sanitaires et les universités médicales.
Cette planification devrait être faite pour les médecins de famille, les spécialistes et les régions rurales, éloignées et urbaines. La planification des ressources humaines devrait aider dans la meilleure distribution des médecins, ainsi que des ressources à travers le pays. Elle pourrait également aider les étudiants en médecine et les résidents lors de la planification de carrière. La planification nationale des ressources humaines en médecine mènera en fin de compte à une meilleure santé pour les Canadiens et Canadiennes et les médecins (en raison de moins d’épuisement).
4. Quelles seraient, d’après vous, les causes principales de l’épuisement parmi les résidents et quelles actions préconiseriez-vous pour les régler ?
L’épuisement est un des enjeux les plus importants auxquels fait face la profession médicale en ce moment. Différents facteurs systématiques causent de plus hauts taux d’épuisement, d’anxiété et de dépression parmi les résidents et les médecins. Les résidents connaissent de plus lourdes charges de travail et moins de satisfaction au travail. Ils perdent le contrôle, la flexibilité et la prise de décisions dans leurs hôpitaux et les autres établissements de la santé. Il est difficile pour eux d’avoir un équilibre travail-vie personnelle et avant tout, ils ne trouvent aucune signification dans leur travail. Un sondage national sur la santé des médecins par l’Association de médecine canadienne l’année dernière a démontré de plus hauts taux d’anxiété, de dépression et d’idées suicidaires parmi les résidents et les médecins. La santé des médecins devrait être un des indicateurs de qualité importants de la santé publique, parce que la mauvaise santé des médecins conduit à la mauvaise santé de la population.
En tant que président, j’ai l’intention d’organiser un sommet à l’échelle de la province avec plusieurs intervenants dans le domaine de la santé. Ceux-ci incluent les autorités gouvernementales et de la santé, les organismes de réglementation, des universités et des associations médicales provinciales. Nous devons reconnaître le taux élevé d’épuisement et promouvoir les programmes actuels de santé des médecins. Une meilleure collecte des données est nécessaire au sujet de la prévalence de l’épuisement en ce qui concerne la spécialité, le sexe, le milieu de travail et les années de travail. Nous devons fournir un environnement optimal pour les médecins et les résidents pour leur permettre d’exceller dans leur profession. La promotion de la flexibilité, d’un meilleur équilibre travail-vie personnelle et de récompenses/avantages sont des choses qui devraient être encouragées. De l’éducation sur la façon d’améliorer la résilience et les soins personnels pendant les études en médecine est également une étape nécessaire. Choisir des leaders locaux qui peuvent prendre des décisions et les mettre en œuvre localement permettra aux résidents et aux médecins de se sentir plus en contrôle de la situation. Cela aidera également à améliorer la culture organisationnelle.
5. Plus de la moitié des résidents sondés feraient de la suppléance à l’extérieur de leur province ou territoire primaire de pratique si aucune demande pour permis supplémentaire n’était requise. Quelles mesures prendriez-vous pour créer un système de permis qui améliore la mobilité des médecins et leur permet de répondre aux besoins dynamiques de soins aux patients ?
Au Canada, les organismes de réglementation provinciaux ont la responsabilité de donner des permis aux médecins et aux résidents pour leur permettre de travailler. Chaque fois qu’un médecin se déplace de province en province, il doit soumettre une nouvelle demande et recommencer le processus pour obtenir le permis. Le processus de demande peut être long, peut inclure beaucoup de travail administratif et est souvent coûteux. Le processus pour obtenir des permis provinciaux peut retarder le début du travail (suppléance, stages ou permanent). De plus, cela peut causer un fardeau financier pour les résidents et les médecins. Cela cause également des problèmes pour les résidents et les médecins qui veulent travailler dans des régions rurales et isolées du pays. La réaffectation de médecins n’est pas harmonieuse en raison du travail administratif exhaustif impliqué pour obtenir un permis. Avec les progrès de la technologie, les soins virtuels seront de plus en plus populaires dans le futur. Les restrictions provinciales pour l’obtention d’un permis causent également des obstacles dans la prestation des soins virtuels.
En collaboration avec Médecins résidents du Canada et la Fédération des étudiants et des étudiantes en médecine du Canada, je mènerai l’AMC dans un dialogue constructif et axé sur les résultats avec les organismes de réglementation provinciaux. L’accent devrait être mis sur l’élaboration d’une solution dans un avenir proche. Je ferai également la proposition pour commencer la promotion d’un permis national de suppléance. Selon les résultats et les rétroactions de cette initiative, il devrait y avoir une proposition pour un permis national pour l’exercice de la médecine. La création d’un organisme national de réglementation pourrait également faire partie de la discussion.
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