Mise à jour #8 : COVID-19 et les examens

Chers collègues,

La colère, l’inquiétude, la rancœur, la frustration, l’anxiété, la contradiction — ce n’est là que quelques émotions valides que plusieurs de vos collègues à travers le pays ont ressenties au cours des derniers mois lors de la préparation à des examens comprenant des enjeux importants. Dès que les trois organisations examinatrices ont annulé leurs examens au mois de mars 2020, MRC a constamment préconisé pour trois choses :

  • Que la sécurité des résidents et de leurs patients soit la priorité absolue ;
  • Que l’impossibilité d’écrire un examen essentiel en raison de la COVID-19 ne devrait pas entraver la transition vers l’exercice de la médecine ; et
  • Que les organisations examinatrices aient des plans de contingence.

Le Collège royal et le CMFC ont tous deux fait face à des défis lors de l’administration de leurs examens pendant la pandémie, mais aucun examen n’a causé davantage de perturbation répandue que l’examen d’aptitude, partie II du Conseil médical du Canada. Au cours des deux dernières semaines, nous avons vu plusieurs centres d’examen signaler leur intention de participer à l’examen en personne et hier matin, le CMC a annoncé l’annulation de l’examen cette fin de semaine puisqu’il n’avait plus une assez grande cohorte pour assurer que les résultats de l’examen soient justifiables. La COVID-19 et son impact sur la cohorte de l’examen cette année ont maintenant touché tous les candidats, quel que soit l’endroit où ils vivent.

En juin, lorsque le CMC a annoncé qu’il allait de l’avant avec l’EACMC, partie II en automne, MRC et notre homologue québécois, la FMRQ, avons fait part de leur inquiétude concernant une séance d’examen en personne à l’automne, puisque toutes les prévisions en santé publique auxquelles nous avions accès, avertissaient que le Canada connaîtrait une seconde vague de la pandémie au mois d’octobre.

Le CMC a œuvré pour mettre en place des protocoles qui limiteraient le nombre de candidats dans chaque site afin de maintenir la distance physique, conformément aux lignes directrices de santé publique locale. Mais cette « solution » a limité le nombre de places disponibles dans chaque centre d’examen et a exigé que le CMC priorise qui aurait accès à l’examen. Par conséquent, la majorité des stagiaires actuels en médecine familiale, qui auraient habituellement eu une place lors de l’examen en automne, ont été exclus. Convenablement, la priorité a été accordée aux candidats qui travaillaient actuellement avec un permis provisoire, mais la réduction du nombre de places disponibles exigeait que plusieurs candidats soient assignés à des centres d’examen qui nécessitait un déplacement, et pour certains, à l’extérieur de leur province de résidence. Je peux vous assurer que nous avons, à chaque occasion, partagé avec le CMC nos inquiétudes et nous avons demandé à maintes reprises des plans de contingence.

En septembre, le CMC nous a assuré qu’ils prenaient la sécurité des résidents au sérieux, en mettant en œuvre toute étape raisonnable possible pour assurer la sécurité d’un candidat. À notre avis, la sécurité dans le centre d’examen n’était pas suffisante et nous demeurions très inquiets au sujet du risque inhérent pour toute personne qui doit se déplacer. Alors que le nombre de cas de COVID commençait à augmenter, nous avons commencé à entendre des histoires de la part de résidents qui travaillaient avec des patients immunodéprimés, qui devaient faire face au dilemme éthique de répondre à leurs propres besoins de participer à l’examen ou renoncer à l’examen afin de minimiser les risques pour leurs patients en raison du besoin pour le résident de voyager entre les provinces vers une ville avec un nombre plus élevé de cas de COVID. Les courriels et les histoires que nous avons reçus sont sincères et démontrent les meilleures qualités que l’on espère trouver chez un médecin.

Alors que les six dernières semaines se déroulaient et que la seconde vague prévue se matérialisait, on a beaucoup écrit au sujet de l’anxiété accrue dans notre société en plus à la fatigue liée à la COVID. Tous les médecins n’échappent pas à cette réalité. Comme tous les travailleurs de soins de santé en première ligne, nous avons du stress supplémentaire en nous inquiétant tous les jours du risque d’amener la COVID chez nous à nos familles. La charge de travail des résidents a augmenté, exigeant que les résidents dans plusieurs juridictions intensifient encore plus leurs efforts pour leurs patients en ces temps incertains. La formation en résidence a toujours été difficile, mais ce qui la rend plus difficile pendant une pandémie est que toutes les parties plaisantes de la résidence, comme les retraites d’équipes, les rassemblements en personne, la socialisation après le travail et les liens avec les collègues, ont pour la plupart été suspendus. Un examen comprenant des enjeux importants a toujours été stressant, mais dans le contexte de la pandémie, personne ne devrait être surpris que l’annulation d’un examen, l’incertitude à laquelle il sera reporté et l’annulation répétée subséquente d’un examen soient beaucoup à endurer.

Chacun d’entre nous s’attend à être examiné à des points importants lors de notre formation afin d’assurer que nous sommes compétents et capables de fournir un haut niveau de soins pour nos patients. Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie pour développer nos compétences et on s’attend à être tenus responsables. Nos programmes de formation sont également tenus responsables par l’entremise d’un processus rigoureux d’agrément qui est intégré dans notre système de formation. Les programmes doivent démontrer régulièrement qu’ils répondent à ou excèdent une norme approuvée. La responsabilité est l’élément marquant du professionnalisme et cette responsabilité doit s’appliquer également à nos organisations examinatrices auxquelles nous versons des frais pour évaluer nos connaissances et nos compétences.

Chaque composante de notre système doit pouvoir résister à une surveillance et c’est pourquoi il est entièrement raisonnable pour tout le monde, incluant les résidents, de mettre en question si les examens que nous écrivons sont pertinents. Il est également raisonnable de s’attendre à ce que toutes les organisations examinatrices répondent aux normes les plus élevées lors de l’administration de leurs examens, et que quand ils ne répondent pas à ces normes, ils devraient accepter l’entière responsabilité, incluant la responsabilité envers tout vendeur qu’ils ont choisi de contracter.

Des générations de candidats, avant et après avoir complété l’EACMC, partie II, ont mis en doute l’utilité de l’examen — ceci n’est pas nouveau. Cependant, ces questions se révèlent plus pertinentes pendant une pandémie, compte tenu des risques sans précédent inhérents à participer à un examen en personne — des risques qui ont été validés par les centres qui se sont retirés l’un après l’autre comme centre d’examen. Se poser des questions concernant la validité d’un examen pendant une pandémie n’est pas opportuniste, mais est plutôt une réflexion des questions que devrait toujours se poser chaque médecin à chaque occasion — ce test est-il vraiment nécessaire ?

Maintenant que les examens ont été annulés, nous avons intensifié le travail déjà en cours avec la Fédération des ordres des médecins du Canada afin d’assurer que l’impossibilité de participer à l’examen n’est pas un obstacle à l’exercice indépendant de la médecine. Jusqu’à présent, lorsqu’ils ont la capacité juridique de le faire, les registraires provinciaux et territoriaux ont très bien su répondre aux besoins de nos membres qui commencent l’exercice de la médecine et nous n’avons aucune raison de croire qu’ils ne continueront pas de travailler en collaboration. Dès que nous aurons plus de détails, nous vous les transmettrons.

Je m’en voudrais de ne pas signaler les bouleversements liés à tous les examens pendant cette pandémie ne s’appliquent pas seulement aux candidats eux-mêmes. Je connais les effets néfastes sur les familles, les amis et les êtres chers. Je sais que pour plusieurs d’entre vous, qui exercez la médecine avec un permis provisoire, vous avez dû vous fier à vos collègues pour prendre soin de vos patients et j’ai pu constater en personne comment les collègues résidents ont intensifié leurs efforts pour couvrir les quarts de travail supplémentaires et pour fournir de l’espace aux candidats afin de se préparer pour l’examen. Plusieurs candidats ne récupéreront jamais l’argent qu’ils ont dépensé pour des vols ou de l’hébergement et ils ne recevront pas de jours de vacance ou de congé pour études supplémentaires dans le futur. Mon cœur saigne pour vous et je sympathise avec tout ce que vous vivez en ce moment.

Je vous assure que la direction et le conseil d’administration de MRC et notre personnel dévoué, en partenariat avec nos organisations provinciales, continueront de plaidoyer sans cesse au nom de nos membres, passés et présents, pour lesquels les examens ont été touchés par l’impact de la COVID-19

Cordialement,

Docteure Esther Kim

Présidente de MRC