Docteur Darren Larsen

1. Plusieurs organisations doivent faire face aux défis de s’entretenir avec de nouveaux ou futurs membres. Comment envisagez-vous les engagements entre les résidents et les nouveaux médecins et l’AMC ? En tant que président(e) de l’AMC, quelles mesures prendriez-vous pour accomplir cela ?

Cette question signifie différentes choses pour différentes personnes. L’époque où les médecins devenaient membres de leur association parce qu’ils considèrent cela leur devoir est révolu. La nouvelle génération de médecins choisit de s’associer selon les valeurs. Comment l’AMC reflète-t-elle des valeurs et croyances partagées ? Comment représente-t-elle leur point de vue ? Comment l’adhésion à l’AMC améliore-t-elle leur pratique, leur carrière et leur vie ? Je crois qu’apporter des changements à l’AMC impliquant la création d’une association moderne dynamique sera un élément clé. De nouvelles politiques sur la santé et le bien-être des médecins, un code d’éthique moderne et une charte des valeurs partagées reflètent ce point de vue. D’ici 2025, la moitié des membres de l’AMC seront des membres de la génération Y. En tant que président, j’assurerai que l’association reflète les perspectives changeantes de ses nouveaux médecins. J’encouragerai l’innovation, comme avec Joule. Nous devons trouver, promouvoir et parrainer l’innovation menée par les médecins dans les domaines de politique, sociaux et technologiques. J’encouragerai l’action des communautés locales qui définit le travail accompli par l’AMC et qui peut être répandue à l’échelle nationale. Je préconiserai également l’éducation et le leadership afin de produire un cadre diversifié de médecins qui sont prêts à faire face à des enjeux ardus en médecine auxquels fait face notre pays. J’encouragerai un dialogue solide et respectueux qui inclut des opinions différentes. L’AMC doit engager ses membres. Elle doit être pertinente concernant les questions de l’heure. Et elle doit refléter les valeurs des nouveaux médecins.

2. Selon vous, quels sont les plus importants défis auxquels feront face les résidents au cours des dix prochaines années ? Quelles solutions proposez-vous à ces défis ?

Selon moi, les plus grands défis auxquels feront face les résidents au cours des dix prochaines années concerneront trois sujets :

  • L’inadéquation entre les spécialités médicales requises par les besoins de la population et le type de docteurs qui sont formés. Ceci mènera au surapprovisionnement et au sous-approvisionnement dans certains domaines. En tant que président, je travaillerais dès maintenant afin d’assurer la création d’un plan robuste de ressources humaines en santé pour les huit prochaines années et des modèles d’offre et de demande qui utilisent des données réelles et qui soutient les changements des données démographiques des médecins, les heures de travail prévues et le régionalisme. Ce plan pourrait être affiné pour assurer que nous formons les médecins pour répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes. Il ne devrait pas être soumis aux caprices politiques et aux quotas aléatoires.
  • Le service de la dette scolaire qui affecte 80 pour cent des diplômés. Certains étudiants ont accumulé plus de 300 000,00 $ en prêts étudiants. Des modèles de remboursement doivent être créés pour permettre le service de cette dette tout en permettant de créer une vie professionnelle et personnelle. De nouvelles structures de remboursement sont requises. L’AMC devrait être le champion de cette initiative.
  • La perte de l’autonomie des médecins. La plupart des provinces migrent vers de nouveaux modèles de soins qui ne sont plus centrés sur le médecin. Nous devons répondre à ce changement culturel de façons qui encouragent la collaboration et l’intégration en équipe. Il ne s’agit pas seulement dans le cas des soins primaires, mais aussi pour les spécialités.
  • L’essor de l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine qui menace le monopole actuel des médecins concernant les compétences et les connaissances. Le docteur Watson sera plus intelligent que nous. Les ordinateurs analyseront les radiographies et les diapositives cytologiques mieux que les radiologistes et les pathologistes. Des robots pratiqueront des interventions chirurgicales plus précisément. Notre valeur unique auprès des patients et du système de santé basée sur les relations et la confiance sera fondamentale à notre survie. Je désire entamer maintenant la conversation sur la façon de s’adapter.

3. Un manque croissant d’alignement entre le personnel médical canadien et les besoins en santé de la population générale a été bien documenté. Quel est selon vous le rôle de l’AMC dans la préconisation d’un meilleur alignement ?

L’AMC a un rôle important à jouer à cet effet. La planification pour l’alignement des besoins en santé, la formation et les besoins de la population doit être faite au niveau national, et non de province en province. L’AMC peut assumer ceci comme une de ses responsabilités principales. Elle peut influencer les choix et la planification de l’admission à une école de médecine à l’association la plus élevée, en utilisant des données nationales en temps quasi réel. Ces données peuvent être utilisées pour la planification des huit à dix prochaines années et aligner l’offre et la demande avec des modèles de soins ruraux et urbains. Elle peut prendre en compte les changements technologiques, dans la démographie des patients et le financement pour rendre la planification scientifique et fondée sur les preuves plutôt que déterminée par la politique. La meilleure façon d’atteindre cet objectif est par l’entremise de partenariats solides et proactifs plutôt que réactifs. Ces partenariats peuvent avoir la responsabilité conjointe pour prendre la bonne décision et peuvent inclure des agences fédérales et provinciales, des organismes de réglementation, des gouvernements et des patients. Résoudre ce problème et éviter une crise des ressources humaines en santé nécessitera une vision réelle et un leadership audacieux. Elle comportera la prise de décisions difficiles. Elle comportera la diffusion de la politique et de la charge de travail parmi plusieurs acteurs clés. L’AMC est bien placée pour mener cette initiative au nom de nous tous.

4. Quelles seraient, d’après vous, les causes principales de l’épuisement parmi les résidents et quelles actions préconiseriez-vous pour les régler ?

L’épuisement des médecins est une question complexe et est différent pour les résidents et les nouveaux médecins qu’elle l’est pour les médecins déjà établis. Les causes ne peuvent pas être examinées isolément. Elles doivent être examinées dans l’ensemble et personnalisées puisque chacun d’entre nous réagit de façon différente à chacune d’elles. Je préconiserais pour ce qui suit :

  • Se reconnecter à la joie de la médecine. Nous sommes bombardés par de mauvaises nouvelles concernant la baisse de revenu, les conflits avec les gouvernements et un système de santé poussé au bord du gouffre. Cela crée un sentiment de désespoir et d’impuissance chez les jeunes médecins. Nous pouvons réorienter certaines conversations qui créent notre culture afin de mettre l’accent sur les liens que nous entretenons avec nos patients et nous-mêmes. Nous pouvons nous concentrer sur les relations qui nous encouragent. Nous pouvons être fiers de notre travail et des résultats dans la vie des patients.
  • Soutenir les résidents dans leur désir d’apprendre et de faire les choses de façon différente. Nous pouvons créer des espaces pour différents modes de pratique. Nous pouvons même accepter que certains résidents ne veuillent jamais exercer la médecine, choisissant des carrières en administration, en politique de la santé ou même de nouvelles entreprises de technologie. Je préconiserai fermement pour la force de soutenir différents modèles de pratique qui génèrent un équilibre dans la vie entre le travail, la famille et le temps libre. Je mettrais l’accent sur le curriculum caché et lutterais pour y mettre fin.
  • Les charges de travail pas soutenues et la délégation dans un système stressé sont des problèmes pour plusieurs personnes. Les apprenants deviennent les épaules sur lesquelles repose la majorité du travail actif dans les hôpitaux et les centres de formation. Alors que la complexité des soins et le besoin de soutenir les patients de façon globale deviennent la norme, nos établissements doivent être conscients des effets de la délégation sur les jeunes médecins. Leurs compétences sont merveilleuses, mais pas sans limite. Leur énergie est sans retenue, mais pas infinie. Et ils ont besoin de se sentir appréciés. Je veux accomplir cela par l’entremise de dialogue et le parrainage d’idée de changement qui provient des résidents même.

5. Les organisations impliquées dans le domaine de l’enseignement médical sont sous la pression croissante de créer des efficacités et de partager l’information. Comment aborderiez-vous le besoin de garantir les droits à la confidentialité légalement protégés des apprenants dans ce contexte ?

Les droits à la vie privée des apprenants doivent être respectés tout comme le sont les droits des médecins pratiquants et des patients. L’information concernant le soin des patients doit être partagée dans l’ensemble du système de santé pour assurer qu’aucun détail ne passe entre les mailles du filet lorsqu’ils changent d’hôpital ou qu’ils sont transférés de nouveau dans la communauté. Nos idées, nos actions et nos opinions font partie de l’historique du patient, qu’elle soit créée par un résident ou un membre du personnel. Ce détail a des règles fixées dans la Loi sur la protection des renseignements sur la santé et la Loi sur la protection des renseignements personnels sur la santé et les établissements doivent être surveillés et vérifiés pour assurer la conformité. En cas de violation, les normes habituelles de reportage et de divulgation s’appliquent.

En matière de renseignements personnels concernant les étudiants et les résidents recueillis par les établissements où ils sont formés, MRC a créé une politique judicieuse pour ce domaine. Je crois que l’on devrait la mentionnée lors de conversations concernant le consentement du partage de l’information entre les organisations impliquées dans la formation, le jumelage et l’emploi futur de l’apprenant.


Courriel : darren@larsen4cma.com | Web : larsen4cma.com | Twitter : @larsendarren