Docteure Mamta Gautam
1. Plusieurs organisations doivent faire face aux défis de s’entretenir avec de nouveaux ou futurs membres. Comment envisagez-vous les engagements entre les résidents et les nouveaux médecins et l’AMC ? En tant que président(e) de l’AMC, quelles mesures prendriez-vous pour accomplir cela ?
Nous avons besoin que nos jeunes membres, qui sont intelligents, attentifs et dévoués, soient impliqués au sein de l’AMC et nous devons chercher à leur offrir une valeur tangible afin de les attirer. Les nouveaux membres se joignent à des organisations afin d’obtenir des occasions pour faire du réseautage, faire partie d’un groupe qui œuvre en faveur de quelque chose de signifiant et plus grand qu’eux-mêmes, pour faire une différence et contribuer à la communauté, acquérir de nouvelles compétences et obtenir des occasions d’apprentissage et de croissance, la sensibilisation communautaire, un accès à des ressources professionnelles et de l’aide pour trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences et de leur talent. Pour impliquer ce groupe de collègues :
- Je communiquerais directement avec les résidents et les jeunes collègues afin de les écouter et d’apprendre d’eux et de leurs expériences pour que l’on puisse identifier et soutenir les enjeux importants pour ce groupe.
- Je créerais un groupe consultatif de cette démographie pour conseiller l’AMC et pour aider à impliquer leurs paires. J’offrirais à ce groupe un poste officiel au sein de l’organisation.
- J’assurerais que les frais d’adhésion soient abordables pour les apprenants et ceux qui commencent à exercer la médecine, avec une option de mettre les frais en suspend lors d’un congé parental.
- J’interagirais de façon significative, grâce aux médias sociaux et aux technologies, afin d’engager les jeunes collègues.
- Je créerais des expériences amusantes, interactives et créatives.
- Je créerais des occasions pour permettre aux membres de s’impliquer, contribuer, faire la différence et faire entendre leur voix.
- J’offrirais des ressources gratuites, comme des directives cliniques, des livres blancs, des articles de blogue et des vidéos, des occasions de mentorat, des offres d’emplois et de la préparation aux entrevues.
L’AMC doit être une organisation pertinente, accessible, accueillante et abordable pour attirer, engager et retenir de nouveaux jeunes membres.
2. Selon vous, quels sont les plus importants défis auxquels feront face les résidents au cours des dix prochaines années ? Quelles solutions proposez-vous à ces défis ?
Les résidents devront faire face à plusieurs défis importants au cours des années à venir. Ces défis incluent :
Assurer un environnement d’apprentissage sûr et sans danger pour la formation.
J’assurerais que nous adoptions et renforcions une politique de tolérance zéro concernant l’intimidation et le harcèlement en environnement d’apprentissage. Nous devons également créer une culture de transparence et d’apprentissage qui vise à améliorer la sécurité des patients et ne pas clore les discussions concernant les erreurs médicales par crainte de litige.
Accès à la pratique et la capacité d’obtenir un emploi dans leur domaine de pratique choisi
L’AMC doit préconiser afin d’assurer une stratégie des ressources humaines en santé qui est approfondie, équilibrée et basée sur les preuves. Nous devons assurer qu’il y ait assez de postes de formation pour les résidents dans le jumelage de CaRMS pour les diplômés canadiens en médecine avec un rapport d’au moins 1 : 1,2. Nous devons également assurer que la grille tarifaire, l’horaire de service et l’accès aux temps de salle d’opération et aux cliniques n’écartent pas les nouveaux diplômés.
Demeurer motivé à exercer la médecine
L’insatisfaction des médecins augmente, avec des niveaux d’épuisement près de 50 pour cent, entrainée par des charges de travail de plus en plus grandes et de la frustration devant l’impossibilité de ne pas pouvoir passer suffisamment de temps avec les patients. Le sondage national sur la santé des médecins de 2017 démontre que 38 pour cent des résidents souffrent de taux élevés d’épuisement. L’AMC s’est fixé comme priorité la santé des médecins et a mis à jour sa politique sur la santé des médecins, identifiant celle-ci comme une responsabilité partagée entre le médecin et les systèmes au sein desquels il est formé et travaille. Des initiatives au niveau du système doivent être mises sur pied pour résoudre ce problème avec succès.
3. Un manque croissant d’alignement entre le personnel médical canadien et les besoins en santé de la population générale a été bien documenté. Quel est selon vous le rôle de l’AMC dans la préconisation d’un meilleur alignement ?
Malgré sa haute réputation, notre système de soins de santé est coûteux et fait face à plusieurs défis. Il existe des difficultés à trouver un médecin de famille, accéder à des soins en temps opportun dans des communautés urbaines, rurales et isolées, de longues listes d’attente et des salles d’urgence débordantes. Tous ces défis sont davantage éprouvés par des changements rapides à la prestation de soins, des progrès technologiques, le vieillissement de la population canadienne et la hausse des coûts des soins de santé. Un solide leadership est nécessaire à l’AMC afin d’agir et de préconiser pour un meilleur alignement en réunissant les partenaires clés pour mettre l’accent sur :
- Intégration – Les hôpitaux, les soins principaux, l’aide sociale, les soins à domicile et les soins de longue durée doivent être intégrés, avec une meilleure communication et un partage de l’information.
- Innovation – Nous devrons trouver des moyens et des processus efficaces pour soigner les patients, et la technologie jouera un rôle dans l’amélioration des communications, du transfert des connaissances et de la livraison des services.
- Responsabilisation renforcée pour mettre l’accent sur les résultats pour les patients et la population, et non sur le volume.
- Redéfinition des soins de santé compréhensifs au-delà des soins de l’hôpital et du médecin, afin d’inclure l’assurance médicaments universelle et aborder les déterminants sociaux de la santé.
- Stratégie des ressources humaines en matière de santé — l’enseignement et la formation en médecine afin d’assurer que nous avons le nombre de médecins nécessaire, avec les domaines de spécialisation et les connaissances, les aptitudes et les compétences pour répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes ; travailler dans des communautés avec des inégalités en matière de santé et des manques de soins de santé (sans-abris, autochtones, rurales, éloignées, isolées) ; et le financement du gouvernement pour garantir ceci.
- Interprofessionnalisme — explorer et mettre en place des modèles de collaboration au niveau des soins pour améliorer l’accès aux soins, réduire le temps d’attente pour les patients, les pénuries et l’épuisement chez les professionnels.
4. Quelles seraient, d’après vous, les causes principales de l’épuisement parmi les résidents et quelles actions préconiseriez-vous pour les régler ?
Le sondage national sur la santé des médecins de 2017 démontre que 38 pour cent des résidents souffrent de taux élevés d’épuisement. D’autres études citent des taux d’épuisement des résidents jusqu’à 70 pour cent. Les principaux facteurs sont internes (traits de personnalité, fortes attentes de soi), externes (lourdes charges de travail, manque de sommeil, dossiers médicaux électroniques, dette personnelle élevée) et culturels (stigma, pression pour être fort et parfait, culture de dénégation). L’épuisement peut mener à des maladies physiques et mentales, et peut être mortel. Le suicide est la deuxième principale cause de décès chez les résidents en médecine et est la principale cause de décès parmi les résidents males. Nous devons parler de ceci et créer une culture où veiller sur soi-même est la norme.
Je préconiserais fortement pour la responsabilité partagée, où les individus et le système collaborent afin de créer un environnement de travail en médecine plus sain. Le système doit offrir des politiques pour soutenir la santé des résidents, comme la nutrition (options de nourriture saine, des périodes prévues pour les repas), la santé physique (accès à des installations de conditionnement physique), la santé émotionnelle (programmes de soutien par les pairs), les soins préventifs (régime d’assurance dentaire, médecin traitant), la santé financière (gestion de la dette, soutien pour fonds de secours) et l’adaptabilité du comportement et de la mentalité (formation en méditation consciente). Nous avons également besoin de changements au niveau du système comme la création d’un programme officiel de bien-être, des séances d’éducation sur le bien-être, des transcripteurs médicaux ou des services de dictée pour aider à la documentation, assurer que les quarts de travail maintiennent le cycle circadien, encourager le maintien de l’équilibre travail maison et inclure les êtres chers dans les programmes. De plus, nous devons surveiller, mesurer et suivre le bien-être et la satisfaction des résidents pour mesurer et évaluer l’efficacité des programmes.
5. Les organisations impliquées dans le domaine de l’enseignement médical sont sous la pression croissante de créer des efficacités et de partager l’information. Comment aborderiez-vous le besoin de garantir les droits à la confidentialité légalement protégés des apprenants dans ce contexte ?
De plus en plus d’information concernant les résidents est recueillie par les organisations médicales dans le but de comprendre le contexte actuel, améliorer la formation des résidents et mettre sur pied des initiatives de bien-être. Pourtant, la plupart de ces renseignements sont de nature très personnelle et doivent être correctement recueillis et entreposés afin d’assurer la confidentialité et la protection de la vie privée. MRC a créé des principes clairs pour mener à bien ce processus, disponibles sur leur site Web, et je les appuis sans réserve.
Avant même que les données soient recueillies, il doit y avoir un but clair, éthique et légitime pour la collecte et ce dernier doit être fourni dès le début, avec l’obtention du consentement approprié et le maintien de l’anonymat lorsque cela est possible. Lors de la collecte et l’analyse des données, nous devons suivre les meilleures pratiques en ce qui concerne la protection de l’information. Après la collecte, les résidents doivent être assurés que les données sont conservées en toute sécurité, avec un accès autorisé limité et qu’ils demeurent les propriétaires de leurs renseignements personnels. Il est impératif que ces données soient utilisées uniquement pour le but explicite, et qu’elles ne soient jamais utilisées ou mises à la disposition du programme de formation où l’apprenant est évalué, divulguées à des parties tierces comme les organismes de réglementation sans le consentement, ou utilisées à des fins de discrimination contre l’apprenant. Bien que les organisations médicales apprécient la volonté des apprenants de participer à l’obtention des données dans le but de comprendre et de répondre à des situations précises dans le domaine de la santé, elles ne doivent jamais abuser de cette confiance que l’on a placée en elles. Ceci est un modèle idéal du professionnalisme et de la mise en œuvre positive d’éthique en médecine.
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